Je suis tourneuse et sculpteure sur bois. J’ai grandi sur une ferme et suivi les traces de mon père, ébéniste et ardent militant et défenseur du patrimoine.
Le métier
Si les métiers du bois se caractérisent par un environnement masculin, je parviens néanmoins, à travers la finesse de la sculpture et la douceur d’une courbe, à faire ma place en assumant et exprimant ma sensibilité féminine.
Dans mon atelier situé face au fleuve, placée devant ces paysages magnifiques, je puise l’énergie et matière à rendre compte de la valeur de ce qui vit et de ce qui meurt.
Je travaille les essences de bois récupérés localement et le bois flotté. Cette matière, comme nous, est marquée du même cycle de la vie et de la mort. Elle porte aussi en elle une histoire, un destin unique. Chaque bille est sélectionnée en fonction de ses particularités. Je mets en valeur la beauté des fibres de l’arbre. J’aime travailler le bois vert. Le chant du copeau sous l’outil me fait vibrer et m’apaise.
Entourée de la chaleur naturelle du bois, je cherche à façonner un enveloppement autour de la mort, à adoucir celle-ci. En créant des œuvres funéraires, en parlant ouvertement de la mort, j’espère l’humaniser.
Ma démarche en est une de réconciliation. La vie avec la mort, l’homme avec la nature. L’œuvre humanise ce qui n’est plus. Tel est l’objet de mon travail.